RSE Reporting
ESG Reporting RSE

Le reporting de durabilité au défi de la donnée

La quinzième édition du salon PRODURABLE vient de s’achever sur une fréquentation record de plus de 10 000 visiteurs cette année. Un succès qui montre que les transitions énergétique et écologique ne sont plus une option. L’importance de la donnée RSE et ESG y a été particulièrement soulignée lors de la table ronde « L’Europe à l’heure des choix ! Derrière l’obligation de reporting, des choix stratégiques » ainsi que lors des ateliers proposés par Tennaxia « Convergence de la donnée financière et extra-financière » et « la donnée RSE au service de la transformation de l’entreprise »

 

reporting de durabilité au défi de la donnée
497270952 @Tamani Chithambo/peopleimages.com

 

Le triptyque réglementaire européen Taxonomie, Sustainable Finance Disclosure Regulation (SFDR) et Corporate Sustainability Reporting Directive (CSRD) consacre l’amélioration de la transparence et de la fiabilité de l’information relative à la durabilité des entreprises et des produits financiers. Autrement dit, l’amélioration des données extra-financières, qu’il faudra traiter de manière aussi professionnelle que les données financières ! Et cela sera un sacré challenge pour nombre d’entreprises.

 

Convergence de la donnée financière et extra-financière

La future directive Corporate Sustainability Reporting Directive (CSRD), dont la publication est attendue pour les prochaines semaines, porte l’ambition européenne en matière d’économie durable. Elle marque une très forte évolution pour le reporting ESG (ou de durabilité) des entreprises qui étaient déjà soumises à la NFRD (transposée en DPEF en France), avec l’implication de la gouvernance, l’analyse de double matérialité, l’engagement des entreprises sur des trajectoires intégrant l’ensemble de la chaine de valeur, le pilotage des indicateurs clés de performance.

Avec la CSRD, fini le reporting rétroviseur, avec des données « passives », collectées une fois par an. La CSRD obligera les 50.000 entreprises européennes assujetties à une « RSE Inside » comme évoqué à l’atelier organisé par Parangone « De la RSE au leadership sociétal d’entreprise : la grande bascule ? ». Une RSE intégrée dans le modèle d’affaires, dans la stratégie, dans les décisions et les actions. Une RSE pilotée par des indicateurs clés de performance, partagés avec la gouvernance des entreprises et les directions et sites contributeurs, et avec les parties prenantes via la publication du rapport de durabilité.

Sébastien Mandron, directeur RSE de Wordline, précisait, lors de la table ronde « L’Europe à l’heure des choix ! Derrière l’obligation de reporting, des choix stratégiques », que le train du reporting était en marche et rester sur le quai n’était pas une option possible pour les entreprises. Banques et investisseurs seront en attente de données plus transparentes, plus fiables, plus précises et granulaires. Une véritable révolution pour les entreprises qui n’ont jusqu’à présent jamais effectué de reporting, même si elles se sont déjà dotées de politique RSE.

A titre d’exemple, les données énergétiques, comme les données sur la formation, seront à remonter avec la même précision que le chiffre d’affaires.  Un non-sujet pour les entreprises rodées au reporting RSE depuis la loi NRE. En revanche, une découverte pour les entreprises qui échappaient jusqu’à présent à l’obligation de reporting.

Ainsi Anne Dusan, Responsable Consolidation – EDIFY INVESTMENT PARTNER constatait, lors de l’atelier Tennaxia « Convergence de la donnée financière et extra-financière », que les données extra-financières manquaient à ce jour de process et de rigueur dans de nombreuses entreprises de taille intermédiaire, car il s’agissait d’annexes au bilan.

Pour en revenir aux banques, Sabrina Pineiro, Responsable Financements Durables chez LCL, rappelait lors du même atelier que les financements bancaires fléchés et indexés, en fort développement, reposaient sur la fixation d’indicateurs clés de performance et d’objectifs qui requièrent de la part des entreprises le reporting de données robustes.

Au cours de cet atelier, Silvia BONILLA, Responsable Développement Durable International chez SÉCHÉ ENVIRONNEMENT qui a 3 lignes de crédit à impact en cours, évoquait que cette pratique avait d’ores et déjà permis de s’engager sur des trajectoires assorties d’objectifs. Cela avait aussi permis un rapprochement avec la Direction Administrative et Financière et un décloisonnement des données environnementales. Une bonne préparation à la CSRD !

 

La donnée au service de la transformation de l’entreprise

La CSRD a pour vocation d’être un puissant levier de la transformation durable des entreprises européennes. Elle engage les entreprises à se tourner vers l’avenir avec la notion de trajectoire. Une trajectoire garante de leur durabilité, contributrice à la transition énergétique et écologique européenne.

Dès lors, la donnée devient un élément indissociable de la trajectoire et de la réussite ou non de sa mise en œuvre. Autrement dit la donnée devient comptable de l’action, elle doit apporter la preuve de la transformation concrète de l’entreprise. Certaines entreprises, comme Axa et Kersia, ont déjà un retour d’expérience probant de l’usage des données environnementales, sociales, sociétales, éthiques et de gouvernance dans leur transformation.

Du choix des bons KPIs, au pilotage des données, avec notamment l’importance de l’animation du réseau des contributrices et contributeurs pour l’une et l’autre des entreprises, au partage des données aux différentes directions, l’analyse de la maturité RSE des entités pour Axa, la fixation de trajectoires à 2025 et 2030, l’utilisation des données RSE dans la part variable de rémunération, Clémentine Fischer, Head of ESG integration and philanthropy au sein du groupe Axa et Isabelle Demoment , Directrice RSE, Gestion des produits et réglementation de Kersia ont apporté leur témoignage de l’utilisation de la donnée ESG au service de la transformation de leur entreprise.

 

Alors bien sûr, le reporting n’est pas une fin en soi. Mais, comme cela a été rappelé dans chacune des conférences précitées, ce qui ne se mesure pas ne s’améliore pas. Le reporting « processus » doit permettre aux entreprises de rendre compte via le rapportage des résultats de leurs actions en faveur de l’environnement et de la société. Le temps des RSE cosmétique et/ou réglementaire est révolu. S’il est temps d’être congruent, la donnée ESG, doit permettre de vérifier que les actions menées sont en accord avec la stratégie, les politiques RSE, les raisons d’être et qu’elles contribuent aux transitions énergétique, écologique et sociale.