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Protection de l'environnement

Biodiversité, quels engagements pour les entreprises ?

En mai 2019, l’IPBES, la plateforme scientifique mondiale de l’ONU sur la biodiversité, rendait son rapport. Verdict ? Près d’un million d’espèces animales et végétales sont menacées d’extinction. Le constat est sans appel : nos modèles de production et de consommation sont à l’origine de la “6ème extinction massive” de la biodiversité.

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Préservation de la biodiversité : des initiatives… insuffisantes

Une biodiversité qui est pourtant bien à l’agenda 2020. En juin prochain, à Marseille, le Congrès mondial de l’UICN et, en octobre, lors de la COP 15 en Chine. Le 12 décembre dernier, 35 entreprises françaises rejoignaient l’initiative « Entreprises engagées pour la Nature – Act4nature France ».

S’il convient de féliciter les entreprises qui se sont engagées, ne pourrait-on pas s’étonner qu’il y en ait finalement que 35 ? En effet, les entreprises sont de plus en plus conscientes de leur impact sur le changement climatique. Elles sont de plus en plus nombreuses à se doter de politique bas-carbone, à réfléchir à la neutralité carbone. Ainsi, pas moins de 754 entreprises dans le monde, dont 52 françaises, sont engagées dans la réduction de leurs gaz à effet de serre se fondant sur la science.

Mais quid de la biodiversité ? Dans un récent article publié par RSEDATANEWS, Antonin Amado rapportait que, selon un fin connaisseur du sujet, “les scientifiques et les économistes s’accordent aujourd’hui pour affirmer que 40 % de l’économie mondiale repose sur les services gratuits rendus par la biodiversité. Et que 60 % des écosystèmes qui rendent ces services gratuits sont sur le point de s’effondrer sans rémission possible. Les entreprises se tirent une balle dans le pied pour être plus performantes à court terme. La situation n’est pas tenable”. Pourtant, depuis 2015, deux des dix-sept Objectifs de Développement Durable sont dédiés à la préservation de la biodiversité. Les ODD 14 et 15 sont consacrés à la préservation de la vie terrestre et la vie aquatique, signe d’une réelle prise de conscience.

 

La biodiversité : encore peu présente dans les DPEF

Alors qu’il est urgent d’agir, la mise en œuvre des Déclarations de performance extra-financière nous indique qu’il faudra encore attendre pour que les entreprises s’engagent massivement en faveur de la préservation de la biodiversité. Pourquoi ? Parce que l’examen des analyses des risques extra-financiers et autres analyses de matérialité, nous montre que la biodiversité n’est que très rarement évaluée comme un risque, tout au plus une opportunité. Par conséquent, les politiques mises en œuvre pour réduire et éviter ce risque sont peu présentes dans les DPEF. Que dire des indicateurs clés de performance pour piloter ce risque… qui n’en ait pas un selon la majorité des acteurs internes interrogés au sein des entreprises. Quant aux protocoles de reporting extra-financiers, le moins que l’on puisse dire c’est que les questionnaires environnementaux sont en général assez peu fournis sur la thématique” biodiversité. Comment pourrait-il en être autrement compte-tenu de la « faible matérialité » de la biodiversité ?

En revanche, on peut aussi constater que les analyses de matérialité montrent que les parties prenantes externes ont des attentes sur cette thématique et estiment que les entreprises doivent agir.

On peut, bien sûr, se réjouir du récent lancement par Emmanuelle Wargon, secrétaire d’État auprès de la ministre de la Transition écologique et solidaire, du recueil publié par le Commissariat général au développement durable et Orée (très actif sur la biodiversité) et intitulé « Initiatives de la prise en compte de la biodiversité par les entreprises aux niveaux mondial, européen et national ». Ce document recense 59 belles initiatives démontrant la capacité de certaines entreprises à s’approprier le sujet de la biodiversité.

Peut-on encore faire nôtre le fameux adage de Boileau, « Hâtez-vous lentement, et sans perdre courage, Vingt fois sur le métier remettez votre ouvrage, Polissez-le sans cesse, et le repolissez, Ajoutez quelquefois, et souvent effacez. » ? Au train où vont les choses, peut-on encore se permettre de se hâter lentement ? Peut-on encore attendre l’émergence d’une grande action collective internationale ? A tout le moins, il est encore temps de faire sien la démarche du Colibri. Faire sa part.