Le consensus est là, la durabilité du projet d’entreprise repose sur le binôme compétitivité et responsabilité. Ainsi, un nombre croissant d’universitaires, d’experts, d’analystes, de consultants et de responsables du développement durable des entreprises, en France comme partout dans le monde, s’accordent sur l’évolution de la RSE. Celle-ci étant désormais appelée à être intégrée dans la stratégie de l’entreprise. Ce qui sous-tend que l’on ait pris la juste mesure des enjeux matériels de la RSE, d’où la méthode de l’analyse de matérialité.
Parmi les dernières prises de position en faveur d’une RSE à portée stratégique, on aura remarqué celle de l’IFA (L’Institut français des administrateurs) qui a très récemment dévoilé ses recommandations «RSE et durabilité du projet d’entreprise, mission stratégique du conseil». L’IFA souligne que le rôle des administrateurs est d’obtenir du management une information pertinente qui leur permet de déceler les risques et les opportunités. Avec pour objectif de se diriger vers une intégration stratégique et financière des questions liées à la Responsabilité Sociétale des Entreprises. Mais «l’objectif n’est pas de faire de la compliance, rappelle Agnès Touraine, présidente de l’IFA. La RSE s’inscrit dans la stratégie de l’entreprise. Elle sera un des thèmes majeurs des assemblées générales à venir».
Parmi les sept axes de bonne gouvernance proposés par le Club RSE de l’IFA présidé par Anne-Marie Idrac, figure celui de prendre «la mesure exacte» des enjeux matériels de la RSE. Cette préconisation renvoie à la nécessité de réaliser une analyse de matérialité selon une certaine méthode. Celle-ci, qui ne soit pas diligentée aux seules fins de communication dans les rapports réglementaires ou volontaires, mais bien dans le bien dans le but d’identifier les enjeux pertinents et probants de la RSE. Ceux qui sont susceptibles d’affecter la stratégie de l’entreprise, voire d’impacter son modèle d’affaire.
Les deux pré-requis d’une analyse de matérialité
D’une part l’implication initiale de la direction générale et d’autre part, une approche méthodologique robuste.
L’implication de la direction générale, car les enseignements d’une analyse de matérialité dépasse le contexte restrictif de la seule compliance sociale et environnementale, en délivrant une analyse de risques mais aussi d’opportunités non plus autocentrée mais intégrant l’avis des parties prenantes de l’entreprise. Les enjeux sont donc considérables ; les décisions de management, d’investissement, de recherche et développement…sont susceptibles d’être impactées et cela implique donc de mettre en œuvre son analyse de matérialité selon une approche méthodologique rigoureuse.
Dès lors, pas de bonne analyse de matérialité sans bonne cartographie de parties prenantes (identification, priorisation, sélection des parties prenantes à interroger) ni bonnes modalités d’interviews ; entretiens en face à face, entretiens téléphoniques, enquêtes en ligne, questionnaires en libre-service sur le site internet… Pour qui ? Par qui ? Mais aussi comment et sur quoi faire réagir les parties prenantes internes et externes ? Le but étant de mesurer l’importance des enjeux RSE pour la performance durable de l’entreprise et leurs impacts sur les parties prenantes. Viendra ensuite le temps de la restitution avec l’analyse et les recommandations opérationnelles et stratégiques.