Après vingt ans d’existence du reporting extra-financier / RSE, la qualité des données environnementales, sociales, sociétales, d’éthique et de gouvernance, constitue toujours et encore un défi majeur. Tant pour les entreprises qui les collectent et publient, que pour les investisseurs qui les analysent. Délivrer les bonnes informations, fiables et comparables, cohérentes et pertinentes, est l’objectif assigné à la Corporate Sustainability Reporting Directive (CSRD). Pour répondre à ce nouveau challenge, l’acquisition d’une solution logicielle experte apparait comme de plus en plus pertinente pour les 50.000 entreprises européennes appelées à rendre compte de leur durabilité en 2025.
Au cours de ces derniers mois, de nombreux articles de presse et de tribunes ont mentionné la nécessaire amélioration de la qualité des données RSE et ESG. Qu’il s’agisse d’articles consacrés à la finance durable, à la durabilité, au développement durable, à la RSE (Responsabilité Sociétale des Entreprises), ou encore à l’ESG (Environnement Social et Gouvernance).
De nombreuses études soulignent l’insuffisance de qualité des données RSE et ESG
Tout d’abord, un éclaircissement sémantique s’impose. On parlait jusqu’à présent de données extra-financières ou encore de données RSE pour celles qui sont collectées et publiées par les entreprises. Avec les travaux menés par l’EFRAG pour préparer la future CSRD, on parle maintenant de données de durabilité ou encore de données ESG des entreprises. On parle toujours de données ESG pour les acteurs financiers (investisseurs, banques et assurances).
Aujourd’hui, la Security Exchange Commission, l’International Sustainability Standards Board et l’EFRAG travaillent à la normalisation américaine, internationale et européenne des reporting ESG des entreprises. Tous les observateurs sont favorables à cette normalisation et à leur indispensable convergence, en vue d’obtenir des données de meilleure qualité et comparables.
Mais au passage, quid de la normalisation des notations ESG ? Tant que rien ne sera fait pour mieux réguler la notation ESG, les données plus fiables et transparentes qui seront publiées par les entreprises assujetties aux normalisations précitées, pourront toujours faire l’objet d’analyses à géométrie variable de la part des agences de rating. Un meilleur cadrage du rating ESG apparait grandement souhaitable.
Les études ne sont pas en reste pour évoquer l’impérative nécessité d’améliorer la qualité des données publiées.
Ainsi, la dernière étude sur les Déclarations de Performance Extra-Financières publiée en septembre dernier par Deloitte, E&Y et le Medef, « Du reporting à la mesure de performance ESG : quels impacts pour les entreprises françaises », sur un échantillon de 100 entreprises, mentionnait que 39 commentaires avaient été formulés au sein de 22 rapports d’OTI. Et ces commentaires concernent majoritairement la fiabilité et la cohérence des données :
- les périmètres limités et non homogènes (15 commentaires),
- les indicateurs ou leurs méthodologies (14),
- la non définition d’indicateurs au regard des politiques ou risques concernés (5),
- les périodes de reporting qui diffèrent (1) ».
L’étude publiée en octobre 2021 par BCG Gamma, sur un échantillon de 1290 entreprises dans douze pays, précisait que :
- 9% des entreprises mesurent avec précision leurs émissions de CO2
- Les entreprises s’appuient aujourd’hui sur des estimations dont la marge d’erreur est évaluée entre 30 à 40% ;
- 86% enregistrent et déclarent encore leurs émissions de CO2 manuellement à l’aide de feuilles de calcul Excel.
Selon la 9ème étude Tennaxia sur les pratiques de reporting et rapports extra-financiers, réalisée en partenariat avec BPIFrance et Euronext Corporate Services, 62% des entreprises du panel réalisaient leur collecte de données avec Excel.
Enfin, selon un rapport publié en mai 2022 par Clearwater Analytics « ESG: Adoption of Responsible Investing », portant sur un échantillon de 200 investisseurs, 45% d’entre eux n’ont pas encore mis en place une initiative ou une politique d’investissements ESG. Ils sont 22% à ne pas l’avoir fait en raison du manque de données crédibles à utiliser.
« L’info durable », dans un article publié le 6 juin dernier, a rapporté les propos de Gayatri Raman, présidente Europe et Asie chez Clearwater Analytics : “L’opinion dominante de ces dernières années est que l’ESG est un pilier fondamental de l’investissement moderne. Cette étude montre que ce n’est pas à proprement parler vrai et qu’un des obstacles majeurs est le manque de données crédibles, en particulier sur les marchés privés”.
Gayatri Raman d’ajouter « “Avant que quiconque puisse intégrer les facteurs ESG dans ses stratégies d’investissement, les données doivent être hautement disponibles, de haute qualité et faciles à suivre. Ce n’est qu’alors que les investisseurs pourront intégrer pleinement ces initiatives dans leur processus d’investissement”.
Comment améliorer la qualité des données RSE et ESG ?
Premier prérequis pour fiabiliser les données RSE et ESG, la rédaction d’un processus de collecte des données qui repose sur un protocole de reporting, comprenant les procédures de reporting et le référentiel d’indicateurs (définitions et formules de calcul). Processus et protocole de reporting sont indispensables pour améliorer la fiabilité, la comparabilité, la cohérence, la pertinence et finalement la vérification des données RSE et ESG. Surtout dans le cadre de l’évolution attendue avec la CSRD. Est-ce suffisant ?
Non, c’est nécessaire, mais c’est encore insuffisant. Un processus de collecte et un protocole de reporting peuvent être utilisés avec un tableur. Cependant, sur Excel et comme sur les autres tableurs, les données ne sont pas suffisamment protégées et peuvent être supprimées ou modifiées, sans parler de l’ergonomie. Ce qui va à l’encontre d’une « bonne tenue comptable » de ses données RSE et ESG.
Disposer d’un logiciel de reporting RSE, que nous pouvons donc également appeler logiciel de reporting extra-financier et que nous identifierons désormais comme des logiciels de reporting ESG des entreprises, ou encore, logiciel de reporting de durabilité. Sans oublier le logiciel de reporting ESG des investisseurs. En fonction de la solution retenue, c’est potentiellement disposer des fonctionnalités indispensables à l’évolution règlementaire du reporting de durabilité que la CSRD va imposer.
Les solutions logicielles ont pour vocation de structurer et simplifier la collecte des données RSE et ESG, mais aussi d’optimiser leur fiabilisation avec des contrôles à la saisie performants, garantir leur parfaite traçabilité (ainsi que les échanges entre les collecteurs et les validateurs) et le respect de la réglementation, faciliter leur consolidation et leur vérification par les Organismes Tiers Indépendants (OTI).
Avec la mise en œuvre de la DPEF, d’autres fonctionnalités sont apparues comme indispensables : analyse, communication, pilotage. De la collecte souvent annuelle, le pilotage de la performance extra-financière a induit une périodicité de collecte plus fréquente des Indicateurs Clés de Performance (ICP/KPI). Avec la CSRD, le pilotage des objectifs et le suivi des plans d’action seront de précieux atouts, avec des remontées au board qui seront à documenter.
L’automatisation des tableaux de bord et la datavisualisation deviennent une évidence. Ils répondent à un double besoin. D’une part, être en mesure de remonter périodiquement aux Comex ou Comités de direction les KPIs ; d’autre part, permettre aux entreprises de réaliser des benchmarks internes, liés à la performance opérationnelle de chaque entité et leur contribution attendue aux objectifs fixés pour piloter risques, opportunités et impacts identifiés dans le cadre de l’analyse de double matérialité.
Enfin, la réponse aux sollicitations des agences de notation extra-financières et des investisseurs est grandement facilitée par le logiciel de reporting extra-financier qui facilite la communication des données et la réalisation des rapports. Les investisseurs eux-mêmes, ont désormais tout intérêt à se doter d’une solution logicielle pour collecter les données réglementaires (article 29 de la loi Energie Climat et SFDR) auprès de leur portefeuille de participations.
Pour faciliter le choix d’une solution logicielle de reporting de durabilité, Tennaxia, cabinet de conseil en RSE et éditeur de solutions logicielles HSE, RSE et ESG, a publié deux livres blancs dédiés au reporting de durabilité : « 8 points pour bien choisir un logiciel de reporting RSE » (https://rse-reporting.com/livre-blanc-8-points-pour-bien-choisir-un-logiciel-de-reporting-rse/) et « Mettre en place un logiciel pour le reporting RSE » (https://rse-reporting.com/mettre-en-place-un-logiciel-pour-le-reporting-rse/), ainsi qu’un livre blanc dédié au reporting ESG des investisseurs en Private Equity «Quelle place pour une plateforme de pilotage ESG dans la création de valeur pour le private equity ? (https://rse-reporting.com/quelle-place-pour-une-plateforme-de-pilotage-esg-dans-la-creation-de-valeur-pour-le-private-equity/).
A noter également la seule étude de marché des outils de reporting RSE réalisée par Le cabinet de Saint-Front https://cabinetdesaintfront.fr/wp-content/uploads/2020/03/Cabinet-de-Saint-Front_Benchmark-Outils-Reporting-RSE_2019.pdf . Dans cette deuxième étude, le cabinet de Saint-Front a analysé neuf solutions logicielles du marché. Chaque éditeur a répondu à un questionnaire, puis huit d’entre eux ont accepté de faire tester leur solution et enfin des avis clients ont été publiés.
En conclusion
Avec la CSRD, nous allons passer d’une RSE réglementaire à une RSE intégrée. L’implication de la gouvernance est un point déterminant. Dans ce contexte, les solutions logicielles de reporting de durabilité apparaissent désormais comme un outil indispensable pour que les directions RSE/développement durable, les Chiefs Impact Officer et les Chiefs Value Officer pilotent leur stratégie RSE/ESG et en rendent compte aux organes de gouvernance ainsi qu’aux parties intéressées et aux parties prenantes de leurs entreprises.