RSE Reporting
Reporting RSE

Les évolutions des reporting et rapports RSE vues de Londres

Ethical Corporation organisait à Londres,  les 20 et 21 octobre derniers,  son dixième sommet consacré au Reporting et rapport RSE. Quelque deux cents participants assistaient à cet événement emblématique de la RSE, principalement britanniques, mais aussi d’Europe continentale et d’Amérique du Nord, majoritairement des directeurs du développement durable, mais aussi des analystes, des investisseurs et des consultants. Nous y étions ! A l’examen des différentes interventions de représentants d’entreprises britanniques, d’Italie, de Suède, d’Allemagne et des Etats Unis, reconnues pour leur maturité en matière de RSE, si l’on n’a pas constaté de révolution, on a observé – fort heureusement –  de fortes convergences avec les pratiques françaises, mais aussi des différences de pratiques avec celles mises en œuvre en France. Quelles sont les dernières tendances européennes de mise en œuvre des rapports et reporting RSE ? On vous dit tout !

 

Le reporting intégré est plébiscité

Un constat s’impose, le reporting intégré s’installe dans de nombreuses entreprises internationales alors qu’il peine à décoller en France.  Un consensus s’est dégagé au fil des témoignages et débats en faveur d’un déploiement massif du reporting intégré. En matière de rapports et reporting RSE, Londres le considère comme  l’aboutissement naturel de la pensée intégrée et du management intégré, qui induisent un reporting intégré (on notera au passage, même outre-Manche,  la difficulté de faire la différence entre le reporting – processus de collecte et métriques – et le rapport – publication des données et informations collectées…dans le reporting).

Les acteurs interviewés n’ont pas manqué de pointer la nécessité pour des entreprises responsables de plus clairement communiquer à leurs parties prenantes, au premier rang desquels les investisseurs, la création de valeur. Les investisseurs ont quant à eux souligné la nécessité d’aligner les données financières et extra-financières afin de mieux comprendre la trajectoire stratégique de l’entreprise et donc mieux appréhender sa valeur future ; les actifs immatériels constituant les leviers de son enrichissement à venir.

Dans ce contexte, les observateurs ont souligné que le Big Data et la Business Intelligence étaient appelés à jouer un rôle de plus en plus important dans le traitement des données collectées. Parallèlement, ils ont estimé que la nécessité pour les rapporteurs de collecter, consolider, fiabiliser et  contrôler leurs données et informations expliquait la forte évolution sur le marché britannique des solutions logicielles dédiées au reporting extra-financier.

 

Le point de vue de Londres sur les rapports et reporting RSE

Plusieurs intervenants ont évoqué l’importance d’intégrer une stratégie bas-carbone afin de maitriser les enjeux du changement climatique. Ils estiment que pour les entreprises du secteur industriel présentes à l’international, répondre au CDP était en passe de devenir un pré-requis. Car, leur contribution à  atteindre l’objectif >2° était attendue par de nombreuses parties prenantes et pas seulement par les ONG.

Les Objectifs du Développement Durable ont été présentés à plusieurs reprises et sur diverses thématiques liées au reporting RSE comme une réelle opportunité pour les entreprises de revisiter leur stratégie RSE,  de fournir de nouveaux KPIs et de réinventer leur dialogue avec les parties prenantes. Ainsi, l’aéroport de Munich a témoigné de sa prise en compte des ODD via une matrice de matérialité spécifique et s’appuyant sur la mobilisation de 391 parties prenantes internes et externes.

L’analyse de matérialité a été présentée comme indispensable à la structuration d’une démarche RSE en général et du reporting en particulier. Cependant, il est à noter une insistance toute particulière sur la nécessité pour les entreprises d’expliquer clairement la méthodologie utilisée et l’usage qui en est fait dans l’entreprise, notamment en termes d’impact sur la stratégie. Enfin la prise en compte des parties prenantes a aussi été au centre de nombreux échanges. Elle a fait l’objet d’une table ronde au cours de laquelle, IHG (InContinental Hotels Group) délivrait une approche originale et très opérationnelle de ses parties prenantes.

Elle prévoyait la nomination d’ambassadeurs en charge du dialogue avec les parties prenantes.Cela, tout en insistant sur la nécessité d’employer un langage univoque mais aussi et surtout adapté à chaque type de parties prenantes. Elle souligne, enfin, l’importance de l’usage des réseaux sociaux. Ce dernier point a fait l’objet de nombreux commentaires. En effet, alors que le dialogue avec les parties prenantes s’inscrit dans un continuum, la publication des rapports RSE, intégrés ou non,  induit de figer l’information à l’instant de leur diffusion. Il faut donc créer une distorsion entre la perception et les commentaires au fil du temps des parties prenantes et la capacité de répondre et d’interagir des entreprises.