RSE Reporting
Stratégie RSE

Déclaration de performance extra-financière : une année exceptionnelle

Nous assistons depuis quelques mois, dans le monde entier comme en France, à des initiatives sur le changement climatique, des prises de position de patrons emblématiques sur la contribution au bien commun des entreprises,  des évolutions réglementaires de la déclaration de performance extra-financière et sa publication… autant d’éléments convergents qui donnent une nouvelle résonance à la RSE. On pourrait parler d’un véritable faisceau d’indices révélateurs d’une évolution de la prise en compte de la RSE par les entreprises et surtout, par les dirigeants d’entreprises.

 

Alors que les délégations internationales préparent la COP 24, le changement climatique constitue indubitablement une ligne de force de cette évolution des entreprises à l’égard des enjeux posés par la nécessité d’un développement durable. En France, le One Planet Summit a été le théâtre de l’engagement de 89 entreprises en faveur du climat, quand dans le monde l’initiative Science Based Target recense désormais plus de 370 entreprises engagées dans des stratégies bas-carbone.

Les investisseurs ne sont pas en reste. Larry Fink, président de BlackRock (plus grand gestionnaire d’actifs du monde avec 6,3 Mds de dollars) a demandé aux patrons des entreprises dans lesquelles le fonds est actionnaire, de se mettre au service du bien commun ; « Pour prospérer au fil du temps, toute entreprise doit non seulement produire des résultats financiers mais également montrer comment elle apporte une contribution positive à la société » écrit-il avant de préciser que « Les entreprises doivent bénéficier à l’ensemble de leurs parties prenantes, dont les actionnaires, les salariés, les clients et les communautés dans lesquelles elles opèrent ».

Si les Objectifs du Développement Durable ont tardé à décoller dans les pays développés, ils sont désormais sur une trajectoire ascensionnelle. Les ODD sont devenus incontournables. Ils sont le moyen pour les entreprises les plus matures en matière de RSE de revisiter leurs engagements, de les challenger, et ils constituent un socle solide pour formaliser les politiques RSE des entreprises qui s’attaquent à leur formalisation. Les ODD 13 (Mesures relatives à la lutte contre le changement climatique), 8 (Travail décent et croissance économique) et 12 (Consommation et production responsables) sont plébiscités par les entreprises.

L’Assemblée Générale du Global Compact France a été ponctuée par une enthousiasmante table ronde sur – l’intérêt général une affaire d’entreprise – avec  Jean-Dominique Senard (Président de Michelin), Patrick Pouyanné (Pdg de Total), Christine Kolb (Associée de Sycomore Asset Management), Emmanuel Faber (DG de Danone), Cécile Renouard (Chercheuse Institut Essec Iréné) et Jean-Pascal Tricoire (Pdg de Scheider Electric), conclue par la ministre du travail Muriel Pénicaud  qui a indiqué que  «Les entreprises contribuent de fait à l’intérêt général et la transparence est de mise pour répondre aux attentes des parties prenantes. »

 

La Déclaration de performance extra-financière, un nouveau challenge pour les entreprises

La Déclaration de Performance Extra-Financière (DPEF) vient ponctuer cette évolution de la prise en compte de la RSE. En effet, la fin du dispositif Grenelle 2 engage les entreprises assujetties vers une RSE d’engagement, une RSE  source de transformation.  Avec la nouvelle présentation du modèle d’affaire, les entreprises vont devoir faire comprendre comment elles préservent et créent de la valeur, en donnant les éléments clés, financiers comme extra-financiers, assortis  d’une vision stratégique et prospective

L’évaluation des risques quant à elle, suscite plusieurs approches. Le décret sur la DPEF offre l’opportunité aux entreprises de revoir leur analyse de matérialité en y intégrant la notion de risques dus à leurs impacts. La méthodologie proposée aborde les risques sous un angle multidimensionnel et les corrèle avec les aspects pertinents identifiés.

Pour la formalisation des indicateurs clés de performance, l’idée directrice est que les indicateurs clés de performance permettent aux parties prenantes de comprendre les résultats des politiques mises en œuvre. Il s’agira, dans la mesure du possible, de comparer des données primaires au niveau d’activité de l’entreprise et donc de proposer des ratios.

Si la DPEF n’impacte pas les procédures de collecte et de validation, en revanche, il y a une opportunité d’introduire des éléments concernant le pilotage des  indicateurs clés de performance, en intégrant les chefs d’établissement, et en revoyant  la périodicité de la collecte des KPIs, car la collecte annuelle n’a plus de sens pour les KPIs. Cela induit un véritable accompagnement du changement pour piloter la performance extra-financière ; un reporting RSE vecteur de pilotage et de transformation… cela ne se décrète pas ! La D.P.E.F. représente par ailleurs une opportunité pour procéder à un nettoyage du référentiel d’indicateurs, pour coller à l’analyse de matérialité et pour les indicateurs opérationnels, revoir les définitions en leur donnant davantage de sens et en visant par là même un meilleur taux de couverture, avec un enjeu majeur, la pertinence et la concision.

 

En conclusion

La Déclaration de performance extra-financière invite les entreprises à entrer dans une logique de conformité non plus statique mais dans une voie dynamique et source de proactivité. La RSE se rapproche du cœur d’activité de l’entreprise, la pensée intégrée semble se profiler, avec son pendant, le reporting intégré. Dès lors, il restera à réinventer l’architecture de ses publications extra-financières pour répondre aux attentes spécifiques de telle ou telle partie prenante. On  pourrait ainsi imaginer, à terme, un rapport intégré central avec différentes déclinaisons selon le type d’informations et le degré de spécificité ou de granularité recherchés.