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DPEF, 2ème édition, quelles pistes de progrès mettre en œuvre ?

La 7ème étude de Tennaxia sur les pratiques de reporting et rapports RSE a présenté, dès juin dernier, le 1er bilan sur la mise en œuvre de la Déclaration de Performance Extra-Financière (DPEF). L’échantillon, composé d’entreprises cotées et non cotées, a permis de mettre en perspective les difficultés et bénéfices rencontrés pour cette première édition. A l’heure où les entreprises peaufinent leur approche de cette deuxième édition, voyons les pistes de progrès à engager en fonction des meilleures pratiques de place.

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La définition du modèle d’affaires

Les lignes directrices de la Commission Européenne sur l’information non financière précisent que le « modèle commercial d’une société décrit la manière dont elle crée de la valeur et la préserve à long terme grâce à ses produits ou services ». 80% de l’échantillon de l’étude Tennaxia a abordé le modèle d’affaires selon l’angle de la création de valeur. 35% des entreprises ont utilisé le cadre proposé par l’International Integrated Reporting Council (IIRC) pour le reporting intégré. Sachant que la DPEF est la transposition de la Directive Européenne sur la publication non financière et que cette dernière s’est largement inspirée de l’IIRC, nous préconisons l’utilisation de ce cadre.

Par ailleurs, le reporting intégré s’est considérablement développé dans le monde : avec plus de 1600 entreprises qui l’ont adopté dans 64 pays, ce modèle favorise la comparabilité. La schématisation de la boucle de création de valeur est de nature à offrir la meilleure compréhension de l’entreprise et de sa capacité à pérenniser ses activités, avec notamment la mise en perspective du capital financier et des cinq capitaux extra-financiers.

 

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La DPEF et l’analyse des risques

L’analyse des risques a posé problème à de nombreuses entreprises. La première difficulté rencontrée s’est concentrée sur la définition du risque extra-financier. Dans l’esprit de la DPEF, les risques extra-financiers sont ceux qui peuvent avoir des conséquences négatives sur l’activité de l’entreprise, ainsi que ceux qui, du fait de l’activité de l’entreprise, sont susceptibles d’avoir des impacts négatifs sur la société et sur l’environnement.

Dès lors, certaines entreprises ont été confrontées à des difficultés en termes de granularité, de formulation, de périmètre à retenir, d’interlocuteurs à mobiliser, de prise en compte ou non des parties prenantes externes. D’autres entreprises se sont appuyées sur leur analyse de matérialité. Les Organismes Tiers Indépendants (OTI) n’ont pas manqué de relever le manque de robustesse de certaines approches méthodologiques, n’abordant pas le risque ou de manière non étayée, avec des échantillons de parties prenantes perfectibles.

Il existe deux approches. Soit l’analyse des risques extra-financiers qui aborde les risques dans leurs acceptations financière, réputationnelle, licence to operate et réglementaire, en évaluant la gravité, la fréquence et l’évolution temporelle de chaque risque identifié, en prenant en compte un échantillon de parties prenantes externes significatives. Soit l’analyse de matérialité, qui priorise les enjeux identifiés en fonction des risques financiers, réputationnel, licence to operate et réglementaire inhérents ; avec un niveau de maitrise et une prise en compte d’un échantillon de parties prenantes externes plus large que pour l’analyse des risques. Deux démarches qui ont été pleinement validées par différents OTI.

 

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Les politiques mises en œuvre

La collecte des politiques mises en œuvre pour réduire ou éviter les risques identifiés n’a pas posé de difficultés majeures aux entreprises. Cependant, elle a pu mettre en lumière l’existence de (trop) nombreuses politiques, voire le manque d’unité et de cohérence, principalement dans les groupes à gestion décentralisée. Les entreprises ont pu être confrontées à la difficulté de hiérarchiser les politiques afin d’éviter une liste trop exhaustive. Enfin, l’analyse des risques a pu, le cas échéant, révéler un écart entre le contenu de la politique RSE et la réalité des risques identifiés. Dans ce cas, les entreprises vont devoir établir des passerelles qui font sens, voire publier les démarches d’amélioration mises en œuvre.

 

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Les indicateurs clés de performance

Pour les entreprises les plus matures en matière de RSE, la formulation des indicateurs clés de performance (ou KPIs) s’est avérée un exercice assez facile. Elle a tout au plus permis de challenger l’existant afin de proposer des KPI encore plus pertinents et probants, ou de définir les KPIs adéquats pour les éventuels nouveaux risques identifiés.

Pour les autres entreprises, la présentation des indicateurs clés de performance n’a pas été aisée. D’une part, parce que dans de nombreux cas il n’y avait pas de KPIs mais seulement des indicateurs de suivi opérationnel. Tandis que dans d’autres cas, à part des informations qualitatives, rien n’existait jusqu’alors. Il n’a pas toujours été possible d’identifier l’indicateur de référence traduisant au mieux l’activité de l’entreprise et ainsi d’établir des ratios ni, plus généralement, de trouver des indicateurs susceptibles de vraiment traduire la performance de l’entreprise quant au risque identifié. En revanche, cet exercice a permis une véritable avancée, avec des KPIs identifiés présentés régulièrement en CODIR, en COMEX, dans une logique intégrée. Quel progrès pour la RSE !

 

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En conclusion

 

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Le graphique ci-dessus présente les axes d’amélioration que les entreprises de l’échantillon envisageaient de mettre en œuvre en juin dernier. Les missions qui nous ont récemment été confiées se focalisent sur l’analyse des risques, les révisions des analyses de matérialité, la formalisation des modèles d’affaires ainsi que la formulation des KPIs.

Les entreprises n’ont pas encore semble-t-il commencé à réfléchir à l’évolution de leur dispositif de communication. L’étude a mis en évidence l’insatisfaction des entreprises quant au lectorat de leurs précédents rapports RSE réglementaires et volontaires. Compte-tenu de l’énergie déployée pour publier la DPEF, de la prise en compte croissante du contenu ESG par les investisseurs en particulier et les parties prenantes en général, la communication de la DPEF acte 2 est un chantier à part entière, auquel il ne faut pas tarder à s’attaquer.

Bon courage, et bonne DPEF 2020 !