Le dérèglement climatique est-il suffisamment pris en compte dans les analyses des risques extra-financiers ? En effet, les évènements climatiques s’intensifient et s’accélèrent partout dans le monde et la France n’échappe pas à cette tendance. Une étude menée par le ministère de la Transition écologique le confirme. Inondations, glissements de terrain et feux de forêt constituent les plus grandes menaces en France métropolitaine et les territoires ultramarins.
Risques climatiques : 6 Français sur 10 sont d’ores et déjà concernés
L’étude publiée en janvier dernier, révèle qu’à fin 2016 les risques climatiques concernaient potentiellement 6 Français sur 10. La vulnérabilité des territoires dépend également de l’exposition des différents pans de l’économie locale, exposition qui présente de fortes disparités entre les territoires. Au total, pas moins de 23 000 communes sont considérées « à risque inondation », soit plus de la moitié de la surface de la France (64 % des communes). Pour la zone littorale, la pression touristique (démographie, artificialisation) accroît la vulnérabilité de ces territoires à la submersion marine et l’érosion côtière. On peut aussi ajouter l’accroissement de l’urbanisation dans les zones inondables.
Ce même rapport explique également que la fréquence annuelle des accidents, dû au dérèglement climatique, dits « très graves » (plus de 10 morts, soit plus de 30 M€ de dommages matériels) a presque quadruplé ces deux dernières décennies par rapport aux quatre précédentes. Elle passe d’un événement par an entre 1950 et 1996, à 3,6 sur la période allant de 1997 à 2017.
Vulnérabilité aux inondations et mouvements de terrain, vulnérabilité aux mouvements de terrain et feux de forêt, vulnérabilité aux feux de forêts, inondations et mouvements de terrain, vulnérabilité aux avalanches, vulnérabilité aux ouragans et enfin, territoires peu vulnérables, la France et ses départements et territoires outre-mer ont été examinés sous toutes ses coutures. Pour finir, l’étude conclut que l’ampleur des risques encourus dans les territoires dépend principalement des choix réalisés en matière de développement et d’aménagement, notamment au niveau local, au regard de la vulnérabilité de ces zones et des enjeux exposés (population, industrie, commerce, patrimoine…).
Dérèglement climatique : la nécessité d’interroger les parties prenantes pertinentes
Dans les analyses de matérialité ou les analyses de risques extra-financiers, le dérèglement climatique doit être pris sous deux angles. D’abord, l’impact du changement climatique sur l’activité économique de l’entreprise et inversement, l’impact de l’activité de l’entreprise sur le changement climatique. Comme évoqué précédemment, la multiplication des catastrophes naturelles, mais aussi la modification des écosystèmes et des ressources vont affecter les modèles économiques, accroître la pression réglementaire et impacter les décisions des investisseurs. Ces derniers doivent se faire une idée plus précise des risques potentiels du réchauffement climatique des entreprises sur leur portefeuille. Dès lors, ces deux nuances nécessitent bien évidemment d’interroger en interne comme à l’externe les parties prenantes qui peuvent émettre un « avis autorisé » sur ce sujet, au-delà de la perception que tout un chacun peut avoir et pourrait, par là-même avoir tendance à minimiser comme à surpondérer.
L’examen des DPEF 2019 permettra de voir, à la lecture des modèles d’affaires et surtout des matrices de matérialité ou des risques, si l’impact du dérèglement climatique sur la performance des entreprises comme sur les parties prenantes externes a été évalué à la hausse ou non. Une potentielle évolution qui devrait s’accompagner de nouvelles stratégies bas carbone et programmes de neutralité carbone. A suivre !