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CSRD, le grand défi de la donnée

La collecte des données constitue un défi majeur pour les entreprises soumises à la CSRD, spécialement pour celles qui découvrent les exigences du reporting de durabilité. Cette antienne, on l’a lue et relue, assenée par diverses parties prenantes, intéressées ou affectées et bien sûr par les consultants, les auditeurs et les éditeurs de logiciels. Alors, fantasme ou réalité ?

 

Les données et la CSRD

 

Flashback, en 2022, Anne Dusan, Responsable Consolidation – EDIFY INVESTMENT PARTNER constatait, lors de l’atelier Tennaxia « Convergence de la donnée financière et extra-financière », que les données extra-financières manquaient à ce jour de process et de rigueur dans de nombreuses entreprises de taille intermédiaire, car il s’agissait d’annexes au bilan.

Sans « spolier » la nouvelle étude que Tennaxia présentera lors du prochain Produrable (9 et 10 octobre prochains), un résultat a retenu mon intention. Sur un panel de plus de 200 entreprises, dont 63% reporteront sur l’année fiscale 2025, plus d’un tiers des répondants ne savent pas où se trouvent une partie de leurs données à reporter. Quant aux autres, les réponses fluctuent entre Excel, ERP, système d’information “de type SIRH”, plateforme collaborative, “de type Sharepoint par exemple ».

Si l’on voulait noircir le tableau, on pourrait aussi dire que savoir où se trouve « potentiellement » la donnée c’est bien, mais c’est aussi insuffisant. En effet, les intitulés peuvent varier pour désigner un seul et même indicateur. Cas de figure fréquemment rencontré chez les entreprises présentes à l’international. Sont-elles vraiment les seules dans ce cas ? Et au-delà des intitulés, bien sûr, il y a les définitions données à l’indicateur qui viennent apporter leur lot de difficultés. Avant même de songer à la consolidation et à l’audit, c’est la robustesse des données initiales qui est alors en jeu !

Finalement plutôt que de parler à propos de la CSRD du défi de la donnée, ne devrait-on pas parler des grands défis de la donnée ESG ? Pour certaines entreprises, il s’agira de trouver les données et quand elles n’existent pas, d’en faciliter la collecte. Ce qui induit la mise en place d’un protocole de reporting et la formalisation d’un référentiel d’indicateurs. Pour d’autres il s’agira d’uniformiser les données (sachant qu’elles seront fréquemment confrontées avant cela, à leur localisation).

Pour la grande majorité des entreprises nouvellement soumises à la CSRD, le principal défi (après celui de l’embarquement de la gouvernance et celui de l’analyse de double matérialité) va résider dans la structuration nécessaire à la collecte de données, avec souvent l’absence de culture du reporting sur les données extra-financières. En raison de l’exigence de l’exercice demandé par la CSRD, la mise en place d’une gouvernance de la donnée apparait plus que jamais nécessaire.

Alors oui bien sûr, le reporting de données numériques et d’informations qualitatives, n’est pas une fin en soi. Mais, nous connaissons tous l’adage des qualiticiens : « ce qui ne se mesure pas ne s’améliore pas. » Or ne l’oublions pas, le but de la CSRD est d’engager les entreprises dans la transition, avec des trajectoires à définir, avec le reporting des résultats de leurs actions en faveur de l’environnement et de la société et leur communication à leurs parties prenantes. Donc à piloter la durabilité au moyen de données.

 

Dès lors, une conclusion s’impose

Le grand défi de la donnée posé par la CSRD n’est pas de l’ordre du fantasme, mais de la réalité. Une réalité qui permettra d’identifier des coûts cachés et des gisements de compétitivité. Une réalité qui pourra aussi conduire les entreprises à faire évoluer leur modèle d’affaires en s’inscrivant dans la voie régénérative. A l’indispensable volonté d’agir, s’ajoute donc l’incontournable pilotage de l’action…au moyen des données !

 

Article rédigé par :

Bertrand Desmier