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De la DPEF à la CSRD : comment les entreprises se préparent au nouveau rapport de durabilité ?

Après 5 années d’application de la Non-Financial Reporting Disclosure (la DPEF en France), la 11ème étude Tennaxia sur les pratiques de reporting et rapports RSE, avait pour objectifs d’identifier les évolutions et les apprentissages de cette première directive, afin de comprendre comment les entreprises déjà concernées et celles qui seront prochainement concernées par le reporting de durabilité, se préparent à la nouvelle obligation de la Corporate Sustainability Reporting Directive.

 

De la DPEF à la CSRD
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PANEL : + de 200 répondants 54 % d’entreprises cotées 58 % des entreprises sont françaises 11% du Benelux, 7% d’Italie, 4% du Portugal, 4% de la Norvège, 6% autre (Irlande, Autriche, Espagne…) 122 questionnaires retenus. Dans le panel 2022, 60% d’entreprises déjà soumises à la NFRD et 40% qui seront soumises à la CSRD.

 

Cinq points clés ressortent de l’étude.

Les directions financières sont davantage impliquées dans la stratégie et le reporting extra-financier. Avec la nécessité de lier les données financières et les données non-financières, 74% des entreprises déclarent que leur DAF est impliquée dans les sujets ESG. 92% des répondants déclarent une pression plus forte de la part des banques et des investisseurs. Pour 66% des entreprises, les sujets tournent autour du financement durable et 69% autour des données ESG concernant l’entreprise.

Ainsi, la tendance sera probablement vers une collaboration plus étroite, voire une fusion entre les départements financier et RSE. D’un côté les DAF seront attendus sur la rigueur des processus et des données, et de l’autre le département RSE apportera l’expertise sur les sujets de durabilité.

L’implication du comité exécutif dans le pilotage des KPIs est plus fréquente. 34% des comités exécutifs pilotent les KPIs trimestriellement et 12% mensuellement, alors qu’en 2022 55% des comités exécutifs les pilotaient annuellement. Cette évolution témoigne également de l’impact positif que les entreprises ont perçu à la réalisation d’une DPEF : une meilleure implication de la direction sur les sujets RSE et un meilleur pilotage des performances.

Le changement climatique reste le principal risque retenu par les entreprises.  Parmi les principaux risques retenus par les entreprises, le changement climatique est en première position. Plus de 70% de ces entreprises auront effectué leur analyse des risques liés au changement climatique d’ici la fin de l’année. 52% des entreprises nouvellement concernées par le reporting de durabilité disent s’y préparer à travers une première mesure de l’empreinte carbone.

L’analyse de double matérialité constitue un enjeu majeur bien appréhendé par les entreprises répondantes. 32% des entreprises qui appliqueront la CSRD dès 2025 ont déjà réalisé leur analyse de double matérialité, bien qu’à la date de l’enquête les méthodologies n’étaient pas encore adoptées. 41% des répondants dont l’analyse est en cours, seront également soumis à la directive dès 2025.

Des chiffres qui peuvent paraître optimistes, si on les compare avec ceux de la 5ème étude du Medef auprès de 100 grandes entreprises du SBF 120. Dans ce rapport, 14 entreprises seulement publient une analyse de double matérialité selon les deux axes attendus par la CSRD (matérialité d’impact et matérialité financière).

Le reporting de durabilité, un sujet qui reste en général complexe à appréhender. Bien que 82% des entreprises aient mentionné que la DPEF a permis un meilleur ancrage de la RSE au sein de l’entreprise, la complexité des lignes directrices et la variété des définitions restent les principaux freins depuis la mise en place de celle-ci. Pour pallier ces freins, 52% des entreprises déclarent vouloir recruter des personnes pour se préparer à la CSRD. Les KPIs constituent également un défi pour les entreprises depuis la mise en place de la DPEF, et c’est aussi le sujet priorisé par les entreprises qui réaliseront pour la première fois un reporting.

 

La préparation à la CSRD pour les entreprises prochainement soumises

Si 60 % des entreprises du panel déclarent avoir commencé à travailler sur la CSRD, les premiers constats laissent apparaître la difficulté d’occulter la contrainte réglementaire au bénéfice des apparentes opportunités et une relative méconnaissance des sujets à traiter.  Le manque de ressources humaines et de moyens financiers face la complexité et la lourdeur de l’exercice sont mis en avant avec en complément, la difficulté d’impliquer la gouvernance.

« La CSRD sera un énorme travail pour nous. Même si nous ne sommes pas obligés de répondre à toutes les lignes de la CSRD, la difficulté sera en amont de chercher la donnée, d’établir en priorité des indicateurs qui ont du sens, de fiabiliser, et d’avoir un suivi à long terme… Cela va nécessiter la mobilisation de tous les départements de l’entreprise. »

 

En conclusion,

Même pour les entreprises rompues à l’exercice du reporting depuis de nombreuses années, l’alignement avec la CSRD constitue une forte évolution. A commencer par l’exercice de double matérialité. Qu’il s’agisse de la méthodologie à mettre en œuvre comme de la portée de ses implications.

Quant aux Entreprises de Taille Intermédiaire (ETI) le challenge est polymorphe. L’acculturation au reporting de durabilité est le premier défi. En comprenant bien qu’il ne s’agit pas d’une fin en soi et que les opportunités sont nombreuses. Qu’il s’agisse d’attraction des clients, de démarcation vis-à-vis des concurrents, de fidélisation des salariés, d’attraction des talents et des investisseurs, d’accès aux financements indexés et finalement de durabilité du modèle d’affaires. Autant de bénéfices potentiels qui dépassent le « pensum » que peut constituer en première lecture la CSRD.

Le second défi est de mettre en place l’organisation ad-hoc et les moyens nécessaires. Une organisation dans laquelle les DAF pourront apporter leur expertise en matière de processus et de collecte de données, et au-delà des DAF, l’implication des autres fonctions supports et des directions opérationnelles. Et bien sûr l’implication de la direction générale sur le pilotage des enjeux matériels

Des moyens humains, avec des recrutements pour porter les sujets RSE au sein de l’organisation et les faire percoler dans les équipes. Des moyens financiers pour être accompagné par des prestataires de services et de logiciel de reporting.

Finalement, la CSRD constitue un véritable changement. Celui de l’intégration des sujets RSE par les directions générales des entreprises et celui de la prise en compte de leurs impacts sur l’entreprise et sur l’environnement et la société.  La peur du changement en entreprise a fait l’objet d’une abondante littérature. La mise en œuvre de la CSRD gagnerait à s’inscrire dans une véritable opération de conduite du changement. Dès lors, les étapes clés sont bien connues. Soyez acteur du changement, déterminez ce que vous avez peur de perdre et anticipez, demandez-vous ce que vous pouvez y gagner et faites-vous aider.

A suivre !

 

Article rédigé par :

Bertrand Desmier

 

 

 

 

 

 

Crédit photo : AdobeStock_477917833 @Alwie99d